L’accent de l’espirit français dans la collection Brukenthal
Autor: Natalia Deleanu
Samuel von Brukenthal(1721-1803) s’est formé du point de vue intellectuel et politique dans une Europe cosmopolite et francophone, dont les réverbérations se ressentaient jusqu’aux pays carpato-danubiens. Halle et Jena, des villes qui portaient l’empreinte de Frédéric le Grand, grand ami et admirateur de la langue et des philosophes français, surtout de Voltaire, la Cour de l’impératrice Marie Thérèse, où l’imitation des Français était plus qu’une mode, l’appartenance à la maçonnerie qui utilisait toujours la langue française, voilà les circonstances et les milieux où Samuel von Brukenthal s’était laissé pénétré par le nouvel esprit européen du Siècle des Lumières qui s’intersectait d’une manière bénéfique, avec l’Aufklärung allemand. Ces éléments se sont parfaitement greffés sur le terrain offert par l’éducation protestante et l’intelligence vive et tenace du futur gouverneur de la Transylvanie(1777-1787).
L’influence de la France, en générale peu décelable en Transylvanie, se fait présente d’une manière inédite et assez prégnante dans le contenu, la structure et la finalité de la Collection Brukenthal, l’œuvre de sa vie, qui englobe divers domaines: des livres, des peintures, des gravures, des médailles, des pièces archéologiques et des minéraux.
L’analyse du contenude la collection, revèle une remarquable présence française: les œuvres des auteurs français occupent le deuxième place – après celles des auteurs allemands – dans deux des domaines, considérés comme importants au XVIII-e s, il s’agit de la gravure et des livres, parce qu’ils représentent des moyens par lesquels on favorise l’information et la transmission des connaissances.
L’épithète d’„encyclopédique” qui peut en générale s’appliquer à une si grande et variée collection, reçoit, alors qu’il s’agit de la Collection Brukenthal, un sens particulier parce que, par ses caractéristiques, elle renvoie á L’Encyclopédie, où Dictionnaire raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers(1751.1752), le corpus de la pensé radical du siècle, qui avait groupé autour de lui de grands noms de la culture française comme Diderot, D’Alembert, Voltaire, Marmontel, D’Holbach, Rousseau et beaucoup d’autres. Ainsi, à une recherche attentive, on se rend compte que la Collection n’a pas pris naissance d’une manière aléatoire et que sa structure suit les trajectoires tracées par les coordonnées du Système des connaissances humaines, le fondement de la courageuse entreprise de Diderot et de ses collaborateurs.
LA MEMOIRE, LA RAISON et L’IMAGINATION donnent naissance à L’Histoire, à la Science et à la Poésie, les trois manières par lesquelles L’ENTENDEMENT, l’intelligence, s’occupe de ses perceptions. On peut supposer que Samuel von Brukenthal avait construit sa Collection, que lui-même considérait comme un TOUT, ayant en vue l’illustration, le mieux possible, de ce triptyque des résultas de la recherche des connaissances humaines.
Les réglements du Testament de Samuel von Brukenthal sont encore une preuve en faveur de l’idée que la finalité de l’oeuvre de Brukenthal s’inscrit, elle aussi, dans l’esprit des idées des encyclopédistes français pour lesquels, l’instruction et l’éducation constituent la principale modalité d’accéder au bien-être et au bonheur: la Collection en toute son intègralité allait devenir la propriété définitive du Collège Évangélique de Sibiu
La manière dont le baron Brukenthal a envisagé la structure de sa Collection, traduite dans des termes modernes, manifeste encore son pragmatisme, son efficacité, par ce qu’elle a permis le développement ultérieur de la Collection fait qui, au fur et à mesure, a rendu possible, la fondation des compartiments indépendants, mais qui gardent toujours leurs liens originaires intrinsèques: une Bibliothèque, avec un vaste appareil scientifique et de documentation, un Musée d’histoire, un Musée d’histoire des sciences naturelles, et le Palais, l’abri de beaux – arts, tous intégrés sous l’emblème du Musée National Brukenthal.