Nouvelles données les complexes de culte de la culture Précucuteni
Autori: Nicolae Ursulescu
Dumitru Boghian
Vasile Cotiugă
Vicu Merlan
Après un bref coup d’oeil sur les constructions à caractère de sanctuaire connues à présent dans l’aire de la culture Précucuteni-Tripolie A de l’Énéolithique ancien – à Sabatinovka II6 (le bassin du Boug Méridional, Ukraine), à Poduri7 (dép. de Bacău) et, peut-être, à Târpeşti4 (dép. de Neamţ) – l’article s’arrête sur deux découvertes faites dans les dernières cinq années dans deux habitats de cette culture, situés sur le territoire du département de Iaşi (Moldavie): Târgu Frumos (de la IIIe phase)8 et Isaiia (de la IIe phase)24.
À Târgu Frumos, dans l’habitation no.11 (encadrée stratigraphiquement à la dernière étape d’habitat des trois y existantes), on trouvait les vestiges d’un autel, situé à proximité de l’âtre)9. À son tour, le foyer était aménagé au-dessus du remplissage d’une fosse, ce qui peut être interprété comme un rituel de fondation, une offrande destinée à la Grande Déesse de la Terre14-15. L’autel consiste de deux plaques en argile, réunies entre elles, à la partie supérieure, par une corniche et au dos était une autre plaque, cette-fois unitaire. Entre les plaques par devant et la plaque dorsale était un espace libre. À l’intérieur de cet espace on trouvait deux crêtes affrontées, placées verticalement, qui faisaient la liaison entre les plaques, probablement à l’aide d’un dispositif en bois: sur les faces affrontées des deux crêtes, on voit nettement en argile deux empreintes trapézoïdales, qui proviennent probablement de ce dispositif. À la partie inférieure de ces crêtes on trouvait les restes de deux orifices rondes qui servait probablement à l’introduction d’une tige en bois, pour un éventuel déplacement de l’autel. Les plaques frontales paraissent représenter l’image stylisée de deux bustes humains, avec les épaules légèrement cambrées à la partie supérieure. On n’exclut pas la possibilité aient existé jadis au-dessus de la corniche des têtes (fixes ou mobiles) des deux statues, ainsi que les analogies de Parţa10 et de Truşeşti11 suggèrent. Outre de sa forme inhabituelle, l’autel se rémarque par la peinture des plaques frontales. Sur un fond de couleur blanchâtre des losanges concentriques ont été peints avec le rouge-brun; au milieu de ces losanges un cercle était tracé. Au-dessus des losanges, sous la corniche, quatre lignes parallèles étaient peintes.
L’idée de la double représentation antropomorphe peut être interprétée comme une forme de manifestation du “couple divin”19 ou comme un prototype du couple des déesses mère-fille20.
La zone de l’autel était entourée par une bordure en argile, peu élevée, peinte aux mêmes couleurs, mais avec d’autres motifs. L’autel était orienté vers la bouche de l’âtre. De même, il se trouvait vis-à-vis d’une banquette située le long du mur septentrional. Celle-ci aurait éventuellement servir à la déposition des offrandes, s’il ne s’agit pas d’un lieu à dormir.
À Isaiia (commune de Răducăneni), exactement au centre de l’habitat, précucutenien, a existé une construction d’un caractère spécial, presque sûr un sanctuaire. Cette construction a eu deux phase d’existence, avec une réfection totale. Bien que le plan et les dimensions des deux constructions se sont modifiés, pourtant le sanctuaire a été rebâti au même endroit, qui, pour cette communauté, a conservé probablement son caractère hiérophanique. Les plus significatifs complexes de culte ont été découvertes près les foyers des deux constructions succesives, emplacés aux lieux différents25.
La première construction a été en grande mesure boulversée par l’élévation du nouveau sanctuaire, mais à côté des restes de l’âtre on trouvait, sur un surface d’environ 1 m2, quelques objets avec une évidente destination cultuelle: une table-autel de grandes dimensions, avec le bassin soutenu sur quatre pieds massifs; un vase du type askos (l’une de plus anciennes attestations de cette forme dans le Sud-Est de l’Europe); deux tablettes fragmentaires en argile26, avec de lignes incisées à l’une de leurs faces, qui parraîent imiter les signes symboliques trouvés aux divers objets similaires de différentes civilisations néo-énéolithiques de l’Europe Sud-Est27.
À la proximité de l’âtre du nouveau sanctuaire, vers l’intérieur de la construction, on trouvait un récipient d’une forme inhabituelle28-29, qui hébergait un ensemble de culte formé de 21 statuettes féminines (de différentes dimensions et le modelage individualisé), 13 petites chaises-trônes en argile (les dossiers finis, en presque tous les cas, avec de proéminences en forme des cornes stylisées), 42 rassades en argile perforées (qui formaient probablement un collier), 21 de cônes et 21 de petites billes. Les dernières deux catégories d’objets étaient percées seulement partiellement, ce qui nous détermine à supposer qu’un cône et une bille étaient réunies par l’intermédiaire d’une petite tije en bois, en formant ainsi une image phallique stylisée30 (peut-être, les acolytes des déités féminines). L’interprétation de l’entier ensemble se base, semble-t-il, sur un symbolique des nombres31, ayant pour élément principal le chiffre 7, considéré en tant que le nombre de la divinité dans la conception de l’ancienne population orientale, qui utilisait un système numérique à six chiffres. La valeur symbolique des corrélations numériques de la composition de ce complexe de culte a été analysée par nous dans un autre ouvrage31.
Le fait que dans les agglomérations contemporaines d’Isaiia et de Poduri, situées à peu près 140 km entre elles, la composition numérique des deux complexes y trouvés se répete en grande mesure (fig.17), nous permet à considérer que le monde de la culture Précucuteni avait en essence une conception religieuse unitaire, mais exprimée par des modalités artistiques différenciées d’une communauté à l’autre. Il est intéressant le fait que le même nombre de statuettes (21) a été aussi trouvé dans la construction – sanctuaire de Sabatinovka, mais ici il ne s’agit pas d’un complexe clôs, mais, probablement, d’une scène de culte au cours de déroulement33.
Les récentes découvertes de Târgu Frumos et d’Isaiia accentuent l’idée que le monde des civilisations Précucuteni et Cucuteni a eu une spiritualité qui a trouvé graduellement de nouvelles formes à exprimer les mêmes conceptions fondamentales.